Deforestation et protection de la nature
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Mets de l’huile ! Oui… Mais… Pas de l’huile de Palme !
L’huile de palme est extraite par pression à chaud de la pulpe des fruits du palmier à huile . La consommation mondiale a été multipliée par quatre en vingt ans : c’est l’huile la plus consommé au monde (25% conso mondiale)
Nous entendons tous parler de l’huile de palme et de la déforestation mais savons nous réellement ce que ça représente?
En Indonésie 20 millions de personnes vivent de l’exploitation de l’huile de palme, et représente 85% de la production mondiale.
La moitié de la production d’huile de palme est consommée en Asie. La consommation augmente aussi à cause de la production de « biocarburant » (paradoxal ça ! Pour faire du bio on détruit la nature!).
Dans les pays comme l’Indonésie et la Malaisie, les plantations de palmiers sont la conséquence d’une politique gouvernementale, qui a divisé les grandes plantations en parcelles pour les petits planteurs. Ces derniers doivent alors acheter, ou racheter les terres à crédit auprès de la compagnie mère . Les paysans ont été expropriés et spoliés et n’ont plus d’autre choix que de participer à cette exploitation.
L’huile de palme offre un revenu de 36€/personne, presque 20 fois plus que le riz, et a un rendement dix fois plus élevé que le soja.
A Kalimantan (Bornéo) la forêt a été réduite de moitié. En Indonésie l’équivalent d’un terrain de foot disparait toutes les 15 secondes !
Cette déforestation a pour conséquences une augmentation des rejets de gaz à effet de serre, et serait même responsable de 70 % de ces gaz produits par l’Indonésie, troisième émetteur de CO2 au monde (selon l’ONU). Cela mène à la perte de nombreuses espèces animales endémiques comme les Orangs-Outans. 1000 singes par ans meurent de l’exploitation que fait l’homme de la forêt…
Au delà des risques pour la Nature, l’huile de palme n’est pas non plus bonne pour la santé ! Une fois raffinée elle n’a aucune valeur nutritive et ses acides gras saturés bouchent nos artères ! Enormément de produits que nous consommons contiennent de l’huile de palme…
Certaines marques ont commencé à changer la formule de leurs produits (Casino St-Michel etc) mais cela ne plait pas aux pays producteurs. D’autres « géants » tels que Ferrero ou Carrefour affirment depuis peu n’utiliser que de l’huile de palme « durable ». Cela a pour effet de donner bonne conscience (aux industriels et gouvernements comme aux acheteurs!!) mais ne garantit pas pour autant un respect de la Nature et de l’humain dans les pays de production. Il semblerait que les règles ne soit pas respectées : les hommes continuent d’y être exploités et les terres cultivées illégalement. De plus les ONG écologistes dénoncent l’utilisation autorisée d’un pesticide neurotoxique interdit en Europe. Ces pesticides nuisent à la santé des travailleurs et polluent la terre et les rivières environnantes.
Faut-il pour autant boycotter l’huile de Palme ? C’est plus compliqué que cela…
Il est certain que pour notre santé il serait plus intelligent d’éviter au maximum sa consommation.
Il faudrait également que cette déforestation massive cesse car elle met en danger à la fois les animaux et les hommes.
Cependant que feraient ces 20 millions de personnes qui vivent de la production d’huile si demain cela devait s’arrêter ?
Il faudrait certainement que la culture d’huile de palme soit faite différemment…Que l’homme arrête cette course à l’argent (je parle ici des « gros » car on ne peut blâmer les paysans sur place)… et qu’il soit permis aux populations locales de gagner convenablement leur vie sans perdre leur terres…
Chez nos cousins les Orangs-Outans, Bukit Lawang, Sumatra:
Ces grands singes qui n’ont que 3 à 4% de différences génétique avec l’homme vivent dans les forêts de Bornéo et Sumatra. Ils passent la plupart de leur temps dans les arbres à la recherche de nourriture. Ils vivent entre 30 et 40 ans et mesure entre 1,10 et 1,40m. La période de gestation dure 9 mois et les naissances sont espacées de 8 ans en moyenne car c’est le temps qu’il faut au petit bébé, puis à l’enfant pour avoir acquis les moyens pour se débrouiller sans sa mère (ou du moins de ne pas en être totalement dépendant); ces grand singes vivent en général en solitaire et passent leur temps à rechercher de la nourriture (fruits et feuilles), puis des partenaires pour la reproduction et enfin à l’éducation des jeunes (uniquement prodiguée par la femelle)
Nous comprenons ainsi comment et pourquoi ils se retrouvent en voie de disparition ! Leur habitat diminue à vue d’oeil, ils sont parfois brulés vifs dans les incendies causés par les producteurs d’huile de palme (qui espèrent ainsi récupérer des terres à cultiver) ; Certains singes sont capturés et tués, et leur système de reproduction ne permet pas un renouvellement important de la population…
Les espèces sont différentes à Bornéo et à Sumatra ; Dans le premier cas l’espèce et menacée, dans le deuxième il est en danger critique de disparition. La population a chuté de 80% au cours des dernières années.
La plupart des Orangs-outans de Sumatra se trouvent dans la forêt de Tripa . Pour éviter l’extinction de l’espèce de nombreuses associations militent pour leur protection.
On trouve un centre de réhabilitation à Bukit Lawang, dans le parc national de Gunung Leuser au nord de Sumatra (un des plus grands parcs nationaux d’Asie avec ses 7900km2). Ce centre a été créé en 1973 et son but était de soigner et de remettre à l’état sauvage les singes ayant été capturés ou blessés. De plus en plus de touristes sont venus et ont fait du centre un endroit populaire. On compte environ 5000 singes dans cette zone qui est devenue un point d’intérêt et d’accueil pour les visiteurs. En effet ce petit village en bordure de rivière et de jungle dispose de quelques logements simples et agréables qui permettent de rester quelques jours pour partir faire des treks en forêts afin de découvrir et d’observer les espèces animales et végétales.
En 2003 le centre et les infrastructures touristiques y étant installées ont été emportés par de violentes crues, résultat encore une fois d’une déforestation illégale massive… En 15 mn tout est parti, et plus de 200 personnes sont mortes ! Il aura fallu plusieurs mois pour tout remettre en état.
Le parc abrite encore aujourd’hui une faune et une flore incroyable : plus de 8000 espèces végétales dont 92 endémiques, 320 espèces d’oiseaux, 190 espèces de reptiles et 170 espèces de mammifères. Parmi ces mammifères, nos amis les Orangs-outans, mais aussi des tigres, des rhinocéros, et des éléphants. Mais si la forêt ne cesse de disparaître cette diversité qui représente un richesse immense s’en ira avec elle…
Chez nos cousins: Les Orangs-Outans de Bornéo au Kalimantan
Pour commencer, une citation éloquente de Biruté Galdikas (qui a créé le « camp Leakey » de Tanjung Puting en 1971) :
« Regarder les grands singes mourir à petit feu, c’est assister à notre futur proche, sur une planète qui devient inhospitalière et s’asphyxie progressivement. Sauver nos cousins les grands singes et leur habitat, ce sera le premier pas matériel et philosophique vers notre propre sauvegarde »
Comme je l’ai dit plus haut, l’ orang-outan de Bornéo est est classé parmi les espèces en danger. Son déclin démographique dépasse les 50% sur les 60 dernières années.
Une des causes principales est là encore la déforestation. Outre la culture de palmiers à huile et l’exploitation du bois (toutes deux souvent illégales), cette île est victime de terribles feux de forêt. On estime qu’en 10 ans ¼ aurait brulé ! Mais d’où viennent ces feux ? Et bien là encore les culture intensives qui utilisent la technique du brulis sont en grande partie responsables. Les feux sont souvent mal maîtrisés et le sol Indonésien est tourbeux (il brûle en profondeur malgré la pluie). Ajoutez à cela le fameux phénomène « El nino » qui amène régulièrement un climat beaucoup plus sec et c’est la catastrophe… Il est d’ailleurs craint pour la dernière partie de cette année 2014… Trois fois plus de forêt que d’ordinaire pourrait disparaître…
Relevé incendies du 19/09/14
Un autre facteur de la disparition de ces grands singes est le braconnage . Certaine personnes trouvent malin de tuer une mère pour capturer son bébé et ainsi le vendre. Ce bébé, tout mignon et tout petit, n’aura pas longtemps d’intérêt et sera enfermé dans la plupart des cas dans une cage insalubre où il ne peut se mouvoir et où il pleurera sa maman (je vous rappelle que d’ordinaire un petit reste au moins 7 ans accroché à elle). Par la suite il grandira… la cage deviendra de plus en plus étroite… Il souffrira de malnutrition (un singe ne mange pas des chips et des biscuits…) Quelle est l’utilité d’avoir un singe chez soi ? Aucune ! Si ce n’est sans doute de montrer qu’on a eu l’argent pour se le payer !
Parfois ces animaux sont exploités pour faire des « animations », des numéros de cirque pour des touristes qui ne se posent pas beaucoup de question… Il est même possible de voir des singes fumer (pour le plus grand amusement de certains) et d’autre travestis en humains et prostitués ! Où va le monde………………..
Heureusement que certaines personnes sur cette Terre se préoccupent de leur sort et mènent un combat sans relâche pour les sauver.
Au Kalimantan (partie Indonésienne de Bornéo) il y a par exemple le parc national de Tanjung Puting (Sud-Est de lîle) classé réserve de la biosphère de l’UNESCO. C’est dans ce parc que l’on trouve entre autre le Camp Leakey créé par Biruté Galdikas (vous pouvez lire le récit de notre excursion à Tanjung Puting). Il y a également non loin de là un centre de soin le CSQ.
Texte emprunté au site du LFPO http://www.lfpo.fr/ .
« Au cours des années, le Camp Leakey a soutenu les programmes de recherche de douzaines de scientifiques et d’étudiants d’Indonésie et d’Amérique du Nord. Leurs thèmes de recherche recouvrant des études du comportement des orangs-outans et de leur capacité à apprendre la langue des signes, à celui des gibbons ou d’autres singes endémiques, tels les nasiques, mais également l’ensemble de l’écosystème environnant.
Avec l’approbation du gouvernement Indonésien, l’OFI a construit un Centre de Soins et Quarantaine (CSQ) pour les orangs-outans confisqués ayant besoin d’être médicalement traités et soignés en vue d’une réintroduction dans un environnement naturel.
Fin 1998, l’OFI a achevé la construction de son nouveau Centre de Soins et Quarantaine (CSQ) dans le village de Pasir Panjang, une banlieue proche de la ville de Pangkalan Bun, dans le Kalimantan Central de Bornéo (partie Indonésienne centrale), non loin du parc Tanjung Puting
Les équipes de l’OFI accompagnent les jeunes orangs-outans dans la forêt autour du CSQLe CSQ se compose d’un vétérinaire Indonésien à plein temps et d’un médecin. De plus, un personnel médical de volontaires internationaux se mobilise pour sauver les orangs-outans, incluant médecins, pédiatres, cardiologues, anesthésistes, chirurgiens, infirmières et étudiants vétérinaires. L’équipement médical du CSQ est constitué essentiellement de dons de matériel et de médicaments.
Le 20 mai 1999, l’OFI signait un accord avec le gouvernement Indonésien reconnaissant le CSQ comme un programme officiel de conservation co-géré de l’orang-outan en Indonésie.
La structure du CSQ permet de recevoir les orangs-outans confisqués, malades et blessés. Sa haute qualité de soins médicaux a permis à plus de 90% des orphelins de se remettre de leurs blessures, sous-alimentations et traumatismes divers, dans les premiers six mois au Centre. C’est un succès inégalé pour cette espèce en Indonésie.
Le CSQ prend soin actuellement de 276 orangs-outans orphelins. »
A Kalimantan on trouve également la BOSF (Borneo Orangutan Survival Foundation, fondation pour la survie de l’orang-outan à Bornéo). Depuis 1990, la BOSF a œuvré à la préservation des orangs-outans en les élevant en captivité dans le but de les rendre à la vie sauvage. Elle accueille actuellement de 850 primates dans ses centres (650 à Nyaru Menteng dans le Kalimantan Central, et 200 à Samboja Lestari kalimantan oriental). Comme l’a souligné Aschta Boestani Tajudin, la directrice du programme régional pour la province du Kalimentan Oriental du BOSF, « Si le centre recueille plus d’orangs-outans qu’il peut en relâcher dans la nature, cela signifie que nous avons échoué » Malheureusement avant d’être relâchés, ces orangs-outans récupérés soit dans la forêt (perdus ou blessés) soit chez des particuliers, doivent être soignés et surtout réapprendre à vivre comme ils le devrait à l’état sauvage. Cela prend plusieurs années et coûte très cher : 2700 € par an pour chaque orang-outan (sans inclure les soins spéciaux s’ils tombent malades). Ces singes sont très fragiles et attrapent facilement des maladies lorsqu’ils sont au contact de l’homme (en particulier la tuberculose et l’hépatite, d’où les examens médicaux que j’ai du faire pour être admises dans le centre du BOS pour mon reportage).
Les différentes étapes avant ré-introduction dans la nature sont :
-mise en quarantaine
-la socialisation (qui prend plusieurs années)
-L’entraînement. Les orangs-outans au contact de l’homme on adoptés des comportements humains ce qui est mauvais pour eux. En effet ces grands singes apprennent très vite par imitation. Ils sont donc « entrainé » afin de retrouver leur instinct sauvage. Ceci est fait sur un archipel de petites îles au milieu de la rivière Sei Gohong. Cette étape prend également plusieurs années…
« Relâcher ceux qui sont incapables de construire un nid reviendrait à les envoyer à la mort » explique Aschta Boestani Tajudin.
Le centre de Samboja Lestari a hébergé plus de 600 orangs-outans depuis sa création en 1998. « Les gens continuent à nous amener des orangs-outans, mais malheureusement nous devons parfois les refuser parce que nous manquons de place », déplore Denny Kurniawan.
Sur les quelque 850 orangs-outans actuellement hébergés par la BOSF, environ 600 ont vocation à être relâchés ; les autres ne sont pas en assez bonne santé pour survivre dans la nature.
Pour pouvoir relâcher les singes encore faut-il trouver le milieu approprié (qui comme nous l’avons vu part en fumée)
Pour ce faire, la BOSF a créé la société Restorasi Habitat Orangutan Indonesia (restauration de l’habitat de l’orang-outan indonésien) qui s’est vue concéder 86 000 hectares de terres dans le Kalimantan Oriental en échange de 13 millions de Roupies (1150 €).
« Nous sommes financés par des donateurs » explique Bungaran Saragih, fondateur de la BOSF. « C’est un peu ironique, mais la plupart d’entre eux sont des étrangers, et pas des gens de notre propre pays. »
Il faut ensuite encore louer des hélicoptères (5000€/H de vol) pour pouvoir transporter chaque Orang-outan vers son nouvel habitat (à au moins 4H de vol du centre).
Toutes ces années de dur (et cher) travail pour réussir à soigner et réhabiliter ces grands singes à vivre dans la nature, sans être sûrs qu’au final ils vont y survivre…. car en effet certains singes une fois relâchés ne réussissent à se réadapter totalement, ils sont perdus, il ne réussissent pas à se nourrir, et finissent pas mourir…. heureusement c’est également parfois un succès total.
Pour en apprendre plus sur la BOS je vous invite à vous rendre sur leur site ainsi qu’à voir le reportage que j’ai effectué sur place.
Si vous souhaitez aider ces organismes vous pouvez leur faire des dons ainsi que parrainer des singes.
Au village de Babar ; Tangkahan, Sumatra :
Eux aussi souffrent de la disparition de la forêt ainsi que du braconnage… Récemment une vingtaines d’éléphants ont même été empoisonnés car ils venaient dans les plantations de palmiers à huile !
L’éléphant de Sumatra est aujourd’hui classé en « danger critique d ‘extinction ». En quelques années sa population a été réduite par deux, on compte environ 2500 individus. Si rien n’est fait il aura totalement disparu d’ici 30 ans.
Il mesure de 1,70 à 2,60 mètres et peut vivre jusqu’à 70 ans ; Il ingère 200 kilos de végétaux par jour !
Il existe un petit village dans la forêt où l’homme et l’éléphant se sont associés pour la joie de tous. C’est à Tangkahan connu comme « the hidden paradise » qu’entre 1980 et 1990 la population s’est organisée pour préserver les environs et réduire les conflits.
C’est à dos d’éléphants que ces hommes ont commencé à effectuer des patrouilles en forêt pour stopper l’exploitation illégale de la forêt et le braconnage.
En 2001 le « Tangkahan Tourist Institute » a vu le jour et a fixé des règles de conservation de la nature. La zone a vu apparaitre quelques infrastructures « d’ écotourisme » et fut reconnue comme « zone éco-touristique ». Aujourd’hui le flux de touristes permet aux habitants de diversifier leur revenus et leurs activités. Un groupe d’éléphants a été rassemblé au village ; ils y ont été dressés afin de pouvoir travailler main dans la main avec l’homme. Les villageois et les éléphants effectuent toujours des patrouilles anti-braconnage, et les touristes peuvent les laver ou faire des promenades sur leur dos ! Ainsi en faisant une excursion les touristes participent au développement de la communauté car l’argent ainsi récolté sert pour les programmes sociaux de protection de la nature.